You get what you deserve

Né un 11 avril, Caleb fait partie de la génération de l'entre deux, celle qui n'a pas eu la chance de connaître la terre mais côtoyer les chanceux qui l'ont vu se détruire. Celle qui est née sur un vaisseau et n'ont connu que ça la majeur partie de leurs vies. Si bien que Caleb pensait mourir sur le vaisseaux même après avoir atteint Rea. Car c'était un enfant au départ rêveur qui a vu ses espoirs anéantis quand ses parents ne sont jamais revenus de leur expédition sur Réa après plusieurs expérimentations. Il était encore loin de se soucier du sort des loups, quand sa propre famille souffrait du même sort, peut-être traité de meilleure façon. Ses parents étaient utiles mais au plus bas de l'échelle, pas indispensables. Parce qu'il était enfant, il a bénéficié d'un système d'éducation très rigide, un orphelinat au sein même du vaisseaux où des dizaines d'enfants faisait chambre commune.

A sa majorité, on lui réclame d'être utile et avec les maigres connaissances qu'il a pu enregistrer, il se fit ouvrier. Au départ, c'est des travaux de manutention pour aider les techniciens. Il est de forte constitution, c'est un homme robuste pour son jeune âge. Il rencontre sa future femme, il a tout juste 22 ans. Elle est simple, une belle rousse aux taches de rousseurs, elle est jolie mais pas magnifique, elle est assez petite et ses mains sont fines mais abîmées à force d'être dans l'eau. Elle s'occupe du nettoyage des cantines. Comme Caleb, elle n'a pas vraiment eu la chance de connaître ses parents mais elle avait un oncle et une tante pour s'occuper d'elle. Certainement pour ça qu'il ne l'a connaissait pas avant. Elle aime charmé mais reste toujours inaccessible, jamais il n'a pensé avoir sa chance avant qu'elle lui accorde un rendez-vous, puis un deuxième et un troisième. Deux ans plus tard, ils s’unirent et Caleb est un homme comblé et amoureux. Le mariage est plus que modeste et se fait en petit comité mais ils sont heureux.

De cette union, une première petite fille naîtra, pas un cheveux sur le cailloux, Beccah se révéla plus rousse que sa mère, d'adorable fossettes sur les joues et les yeux marrons de son père. Caleb était un père fier et heureux, même si leurs petits semblant d'appartement au sein du vaisseaux rapetissait au fur à mesure que la famille s'agrandit. Luca suivit à peine un an plus tard, forçant Caleb à travailler un peu plus s'il voulait que ses filles ne manquent de rien.

Quand la famille Harrison reçoit le génome pour enfin coloniser Réa. On lui offre un petit lopin de terre où il aura tout à faire. Construire une maison, semer le terrain, faire fructifier les graines et récolter le résultat. Un travaille de titan, qu'il met des mois à faire avant de pouvoir faire venir sa femme et ses filles. Déjà à ce moment là, il passe très peu de temps avec elles, oubliant qu'il blessait sa femme par son absence, privilégiant son maigre temps libre à ses deux filles. Mais malgré ces difficultés, Caleb et sa femme engendre ce qu'on appelle l'enfant de la seconde chance. Elle lui donna un fils et le couple ne pouvait pas s'en réjouir plus. Il avait les yeux clairs de sa mère et la chevelure de son père. Comme un véritable négatif photographique de ses deux aînés avant lui. Mais on ne change pas un homme, mortifier à l'idée que sa famille manque de quoi se nourrir. Les récoltes se font de plus en plus dur et lorsque la terre ne lui donne rien, il doit s'absenter plusieurs jours pour compenser sur des chantiers. Quand il revient, il est si épuisé que sa femme est obligée de tout gérer à la maison. Elle travaille dans les cantines militaires du centre ville, passe ses journées à nettoyer, mais comme elle est mère, bénéficie d'une espèce de mi-temps. Mais à la maison, elle doit tout faire et Caleb ne voit pas, ne veut pas voir, qu'elle est de plus en plus malheureuse. Et que l'amour qui les avait unit par le passé, n'existait plus. Elle ne restait que par obligation, par devoir envers ses enfants et parce qu'elle n'avait nulle part où aller. Oui Caleb était si préoccupé à l'idée de gagner de l'argent, qu'il ne se rendit pas compte que ses filles grandissaient à la vitesse de la lumière, que sa femme était de moins en moins présente chez eux et que son fils se mettait à fréquenter de drôle d'énergumène.
Il retrouvera le corps de femme pendue, dans sa propre maison, dans leur propre chambre, une lettre d'adieu délicatement plier sur l'oreiller de son mari. Lui donnant la gifle qu'il méritait, lui assénant un coup de poignard si violent, que jamais il ne se releva de la culpabilité qui le ronge depuis ce jour.

Car si aujourd'hui, il est encore sur ses deux jambes à tenir la maison et élever ses enfants encore présents, c'est uniquement parce qu'ils sont là. Sa seule véritable raison de vivre. Après ce qu'il s'est passé, Caleb n'a plus vraiment d'estime pour lui-même et préfère se perdre dans les champs que de faire face aux regards de ses enfants.

Son aînée s'est mariée, sa cadette s'est engagé à son grand dam d'ailleurs, ne reste plus que son petit dernier, 17 ans, en pleine phase de rébellion et sous l'influence de personne que Caleb n'estime pas vraiment...